Thomas Fatout et Aurélien Béguier (au premier plan) devant la toiture qui sera entièrement recouverte de panneaux solaires. Photo CL.

J’ai 70 limousines à loger. Avec les veaux, ça fait du monde…» A la «Petite Martinie», Didier Manceau regarde non sans fierté l’immense bâtiment qui lui servira à terme de stabulation pour son troupeau. Réellement immense: 30 mètres par 80 au sol, 2.400m2 de surface, que surplombe une impressionnante toiture de 1.828m2 orientée plein sud.

Didier Manceau est éleveur. Avec une exploitation située au nord de la commune de Confolens, sur la route de Poitiers. Des limousines, évidemment, qui avaient quelque souci de logement. «Bon, jusque-là on a fait avec, glisse, philosophe Didier Manceau, mais avec le nouveau bâtiment, ça ira mieux».

Cela fait pratiquement trois ans que l’agriculteur planche sur la question. Tout en s’interrogeant: «Vous savez, j’ai 54 ans, je me suis vraiment posé la question de savoir si c’était pas un peu fou de me lancer dans un truc comme ça…» Le hasard est venu au secours de l’éleveur, qui croise il y a trois ans à l’occasion de la foire de la Saint-Barthélémy à Confolens, un technicien de la société «Technique solaire», de Migné-Auxances, aux portes de Poitiers. L’échange d’idées se concrétise rapidement.

«Rapidement, c’est un grand mot, commente Didier Manceau, car il s’est quand même passé deux ans entre le montage des dossiers et les premiers coups de pelle mécanique». Aujourd’hui, un beau bâtiment est sorti de terre. Qui va être entièrement recouverts de panneaux photovoltaïques sur sa toiture orientée au sud.

Facture à un million d’euros

L’«astuce», pour Didier Manceau, c’est que le financement de l’opération est assuré entièrement par Poitou-Charentes énergies Renouvelables, une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) dans laquelle la Région est actionnaire (20%) ainsi qu’EDF, la Caisse des dépôts et consignations, la Caisse d’épargne, le Crédit Mutuel, Dexia, le pôle éco-industries Poitou-Charentes et Poitou-Charentes Innovation (1). Car le montant de la facture n’est pas mince: un million d’euros! «La SCIC, qui a fait appel au Crédit Agricole pour le financement, se rembourse en revendant l’électricité produite à EDF» explique Aurélien Béguier, qui indique que le contrat qui a été passé l’a été sur la base d’un prix de rachat par EDF de 42 centimes le kilowatt heure. «Aujourd’hui, avec un prix de rachat qui est descendu à 21 centimes, une opération comme celle-ci ne pourrait plus se concrétiser» confie le technicien.

Les travaux vont s’étendre sur cinq mois, comme l’indique Thomas Fatout de Technique solaire, qui précise que «Les 880 panneaux qui vont être posés sur la toiture, produiront 260.000kw/h par an. Cela représente la consommation annuelle, hors chauffage de 104 foyers de quatre personnes» indique Thomas Fatout.

Didier Manceau, qui a offert son terrain pour la construction de ce bâtiment sera en quelque sorte locataire, via un «prêt à usage». Il prendra possession de son bien au bout de 30 ans. «Le bâtiment sera fini en mars, je l’aménage tranquillement cet été, il sera prêt pour l’hiver prochain».

(1) L’agriculteur a quand même dû débourser 16.000€ pour le terrassement et 10.000€ pour le financement des pignons du bâtiment.

par Patrick Servant, Charente Libre